Agriculture Société

Nouvelle estimation du coût environnemental de l’alimentation [Trad.]

Ceci est une traduction du communiqué de l’Université d’Oxford publié le 1er juin 2018 (augmenté de liens, et surligné par nous)

Des chercheurs de l’université d’Oxford et de l’institut de recherche agricole suisse Agroscope ont créé la base de données la plus complète à ce jour sur les impacts environnementaux de près de 40 000 exploitations et de 1 600 sous-traitants, du type emballeurs et revendeurs. Cela à permit d’évaluer comment différentes pratiques de production et différentes zones géographiques peuvent conduire à des impacts environnementaux différents pour 40 aliments majeurs.

Ils ont trouvé de grandes différences dans l’impact environnemental entre les producteurs d’un même produit. Les producteurs de bœuf à fort impact créent 105 kg d’équivalents CO2 et utilisent 370 m2 de terres pour 100 grammes de protéines, soit 12 et 50 fois plus que les producteurs de bœuf à faible impact. Les haricots à faible impact, les pois et autres protéines végétales ne peuvent produire que 0,3 kg d’équivalents CO2 (y compris la transformation, l’emballage et le transport) et n’utilisent que 1 m² de terrain pour 100 grammes de protéines.

L’aquaculture, supposée avoir des émissions relativement faibles, peut émettre plus de méthane et créer plus de gaz à effet de serre que les vaches. Une pinte de bière peut créer 3 fois plus d’émissions et utiliser 4 fois plus de terres qu’une autre. Cette variation des impacts est observée dans les cinq indicateurs qui ont été évalués, y compris l’utilisation de l’eau, l’eutrophisation et l’acidification.

«Deux choses qui se ressemblent dans les magasins peuvent avoir des impacts extrêmement différents sur la planète. Nous n’en avons pas conscience actuellement lorsque nous faisons des choix sur ce qu’il faut manger. En outre, cette variabilité ne se reflète pas pleinement dans les stratégies et les politiques visant à réduire les impacts des agriculteurs », déclare Joseph Poore du Département de zoologie et de l’École de géographie et d’environnement.

«L’agriculture est caractérisée par des millions de producteurs divers. Cette diversité crée la variation de l’impact environnemental. Cela rend également difficile la recherche de solutions à ces problèmes environnementaux. Une approche visant à réduire les impacts environnementaux ou à améliorer la productivité efficace pour un producteur peut être inefficace ou créer des compromis pour un autre. C’est un secteur où nous avons besoin de nombreuses solutions différentes livrées à plusieurs millions de producteurs différents

Ces graphiques montrent les impacts environnementaux de 9 produits animaux et 6 produits végétaux provenant d’un échantillon de         ~ 9 000 fermes dans le monde. Les résultats pour 25 autres produits alimentaires couvrant ~ 30 000 fermes, ainsi que les résultats pour l’utilisation de l’eau sont fournis dans l’étude.

Concernant les producteurs, les chercheurs présentent des preuves en faveur de l’utilisation de nouvelles technologies. Cette technologie fonctionne souvent sur des appareils mobiles, récupérant des informations sur les intrants, les extrants, le climat et le sol, pour quantifier les impacts environnementaux. La technologie fournit ensuite des recommandations sur la façon de réduire ces impacts et d’augmenter la productivité.

Cependant, les producteurs ont des limites quant à la mesure dans laquelle ils peuvent réduire leurs impacts. Plus précisément, les chercheurs ont constaté que la variabilité dans le système alimentaire ne se traduisait pas par des produits animaux ayant des impacts plus faibles que les équivalents végétaux. Par exemple, un litre de lait de vache à faible impact utilise près de deux fois plus de terres et produit près du double des émissions d’un litre moyen de lait de soja.

Par conséquent, les régimes sans produits animaux offrent des avantages environnementaux plus importants que l’achat de viande ou de produits laitiers durables.

En outre, sans changements majeurs dans la technologie qui ciblent de manière disproportionnée les produits animaux, les chercheurs montrent que les régimes sans produits animaux sont susceptibles d’offrir de plus grands avantages environnementaux que les changements de pratiques de production, aujourd’hui et dans le futur.

Plus précisément, les régimes à base de plantes réduisent les émissions alimentaires de jusqu’à 73% selon l’endroit où vous vivez. Cette réduction ne concerne pas seulement les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi les émissions acidifiantes et eutrophisantes qui dégradent les écosystèmes terrestres et aquatiques. Les prélèvements d’eau douce diminuent également d’un quart. Peut-être le plus étonnant, nous aurions besoin d’environ 3,1 milliards d’hectares (76%) de terres agricoles en moins. «Cela réduirait la pression sur les forêts tropicales du monde et libérererait des terres», déclare Joseph Poore.

Les chercheurs montrent que nous pouvons tirer parti des impacts environnementaux variables pour accéder à un deuxième scénario. Réduire la consommation de produits animaux de 50% en évitant les producteurs les plus impactant permet d’atteindre 73% de la réduction des émissions de GES du régime végétal, par exemple. En outre, réduire la consommation de produits discrétionnaires (huiles, alcool, sucre et stimulants) de 20% en évitant les producteurs à fort impact réduit de 43% les émissions de gaz à effet de serre de ces produits.

Cela crée un effet multiplicateur, où de petits changements de comportement ont de grandes conséquences sur l’environnement. Cependant, ce scénario nécessite de communiquer les impacts environnementaux des producteurs (pas seulement des produits) aux consommateurs. Cela pourrait passer par des labels environnementaux associés à des taxes et à des subventions.

«Nous devons trouver des moyens de modifier légèrement les conditions afin qu’il soit préférable pour les producteurs et les consommateurs d’agir en faveur de l’environnement», déclare Joseph Poore. «Les labels environnementaux et les incitations financières soutiendraient une consommation plus durable, tout en créant une boucle positive: les agriculteurs devraient surveiller leurs impacts, encourager une meilleure prise de décision; et communiquer leurs impacts aux fournisseurs, en encourageant un meilleur approvisionnement.»

L’étude se trouve ici : http://science.sciencemag.org/content/360/6392/987

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2 commentaires

  1. « Les haricots à faible impact, les pois et autres protéines végétales ne peuvent produire que 0,3 kg d’équivalents CO2 (y compris la transformation, l’emballage et le transport) et n’utilisent que 1 m² de terrain pour 100 grammes de protéines. »

    Oui mais il ne faut pas oublier que 100 grammes de protéines végétales ne valent pas 100 grammes de protéines animales, en effet les protéines végétales se digèrent moins bien et sont donc moins assimilées par l’organisme. Il faudrait plutôt en moyenne 130 protéines végétales pour 100 protéine animales, on ne peut pas non plus comparer la viande aux petits pois car il faut aussi absolument varier ses apports en protéines si on ne consomme que des légumes (associer pois,haricots avec céréales) car les protéines végétales ne contiennent pas tout les acides aminés essentiels contrairement aux protéines animales.

    1. Mr Rabbit a dit :

      C’est prit en compte, par équivalence, par l’étude 🙂

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