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Retour sur notre vidéo sur YUKA !

Ceci est le script de la vidé ci-dessous, avec les sources dans le corps de texte, et des compléments.



Depuis la publication de notre vidéo sur Yuka, nous avons eu le temps de récolter les critiques et remarques, et nous pouvons vous renvoyer vers l’article du blog que nous avons mis à jour. Il y a une erreur de notre part sur laquelle nous voulions revenir absolument. Il s’agit d’une erreur de calcul concernant la quantité de sel dans la St Yorre : 0,53g de sodium par Litre, ça fait bien 0,05g pour 100g… Nous avions cru que les 0,05g étaient la valeur par litre, cela est dû à une confusion dans la présentation d’Open Food Facts : il est noté “Taille d’une portion 1 Litre”… Mais effectivement, juste au dessus, et encore plus gros, on a : “Repère nutritionnels pour 100g”… Avouons que tout cela est un peu confus…
Mais pour nous l’idée était de montrer que leur analyse des quantités peut être fausse, par exemple ici on a une plus forte quantité de sodium, 1708mg/L, sur une bouteille qui donne moins de sel que pour une autre bouteille qui a pourtant une quantité de sodium plus basse, 493 mg/L… Par contre, actuellement, la page de la St Yorre à 1 Litre 25, sur open food facts toujours, donne une quantité de sel à 0.427 g pour 100g. Ce qui ne correspond à rien et entre en contradiction avec ce qui est marqué sur la bouteille : 0,53g de sel par litre ! Et ce sans que la quantité de sodium n’ai changé.

Il est aussi à noter que la Rozana a subi plusieurs fluctuations. Elle est passée de 0,5 g de sel pour 100g, à 1g, et est actuellement à 0,123g. Bref c’est un gros bazar sans queue ni tête, et c’est juste ça qu’on voulait souligner.

Une autre chose est à préciser, c’est que contrairement à ce qu’on laisse entendre dans la vidéo, Yuka ne se base plus sur Open Food Facts !  Leur base de données initiale a été créé à partir d’Open Food Facts, mais depuis début 2018 Yuka créé sa propre base de donnée à partir des informations entrées par les utilisateurs. Nous le suggérions rapidement dans la vidéo lorsque nous disions “ les données entrées depuis Yuka sont surveillées, si un utilisateur semble malhonnête, il sera banni.”. Open food facts n’alimente donc plus Yuka. En revanche, la base de données de Yuka continue d’alimenter Open Food Facts et a énormément contribué à son enrichissement.

Mais notre but dans cette vidéo était notamment de démontrer que malgré les vérifications, des erreurs peuvent arriver, et qu’il est donc toujours nécessaire de garder une distance critique envers ce type d’applications. La perfection n’existe pas, il est donc important de ne pas tout prendre pour argent comptant.

La fiabilité est relative, même si globalement il semble y avoir peu d’erreurs factuelles. 

Dans les commentaires du blog du Yuka, Julie Chapon, la créatrice, explique qu’ils se basent sur le livre “Le nouveau guide des additifs”, un ouvrage dirigé par Anne-Laure Denans, docteur en pharmacie et diplômée en nutrition. Certains utilisateurs s’interrogent donc sur ce manque de transparence, puisque le site parle des livres de Marie Laure André et de Corine Gouget… Et leur question est encore à ce jour sans réponse…

Mais qu’en est-il de ce livre ? Est-il plus fiable que ceux que nous avons cité dans la vidéo ?

Pas sûr. Nous ne l’avons effectivement pas lu, mais les éditions Thierry Souccar permettent un accès aux premières pages, nous donnant quelques explications : Il semble proposer des choses intéressantes, comme informer sur la Dose Journalière Admissible. Mais leur méthode d’évaluation ne semble pas détaillée. Comment évaluent-ils la pertinence d’une étude plutôt qu’une autre ? Aussi, une chose reste particulièrement troublante dans leur évaluation. Ils donnent 4 couleurs: Le rouge représentant les additifs les plus dangereux, à éviter le plus possible selon eux. Et en vert… Ce sont les additifs “qui ne présentent pas de problème majeurs identifiés à ce jour, mais dont, par prudence, il vaut mieux ne pas abuser”.

De facto, le livre part donc du postulat que TOUS les additifs, même ceux en vert, sont des dangers potentiels… C’est absurde, car n’importe quelle substance est dans ce cas. Même l’eau ! Chaque année des gens meurent pour avoir bu trop d’eau ! C’est une forme de sophisme appelé appel à l’ignorance. C’est donc peu pertinent, et tend à encourager les peurs alimentaires.


Quelques jours après la sortie de notre vidéo sur Yuka, il nous a été plusieurs fois exprimé l’inutilité de notre travail, car personne ne suivrait vraiment Yuka à la lettre. C’est probablement vrai: Tout le monde craque de temps en temps pour une gourmandise, même si on sait qu’elle n’est pas recommandée. Mais il est tout aussi probable que les choix soient orientés par l’application, et pas toujours pour des raisons pertinentes ou même fiables, comme nous avons pu l’expliquer. C’est d’ailleurs tout le propos de notre vidéo, et il suffit d’écouter les avis des consommateurs-vlogueurs pour s’en rendre compte: on préférera abandonner définitivement l’achat d’un produit plutôt que de prendre le moindre début de risque, même lorsqu’aucune étude scientifique ne permet d’affirmer le risque lié à une substance. Et ce quand bien même nous serions dirigé vers un produit alternatif où, par exemple, la quantité de sucre serait plus problématique encore… C’est absurde, car les dégâts du sucre sont bien plus confirmés scientifiquement que ceux des additifs alimentaires encore sur le marché. Mais le sucre est plus intégré socialement, donc il nous apparaît moins dangereux. C’est un peu comme si on préférait boire du vin que du Cola parce que ce dernier contient une importante quantité de sucre et des colorants artificiels supposément dangereux… Alors que le vin, s’il contient aussi une quantité non négligeable de sucre, renferme surtout de fortes doses d’éthanol et d’acétaldéhyde, qui sont hautement cancérigènes. D’ailleurs, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) à récemment publié à ce sujet, et l’alcool serait le 2ème facteur environnemental cancérigène, après le tabac. Et pourtant, le vin étant socialement plus accepté que les sodas, on va plus souvent lui trouver des avantages sanitaires, comme le mythe de la protection du coeur avec 1 verre par jour… Ce qui n’arrive jamais pour les sodas ! En janvier 2019, le ministre de l’agriculture est même allé jusqu’à dire que “le vin n’est pas un alcool comme les autres”…

D’ailleurs, il se trouve que le numéro 2401 du magazine Le Point, sorti le 6 septembre 2018 se consacre au sujet du vin, et il contient un dossier assez critique sur Yuka. On y apprend notamment que le professeur Serge Hercberg, créateur du Nutriscore à un avis assez tranché sur les méthodes d’évaluation de l’application :

“Arbitraire, leur méthode de pondération n’a aucun fondement scientifique”.

Également, fin septembre sur Europe 1, Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’INSERM exprime un avis similaire concernant la scientificité des évaluations de Yuka :

Alors que dans notre vidéo nous exprimions des doutes sur la fiabilité de ces évaluations, surtout concernant les additifs alimentaires, cela ne semble faire aucun doute pour les spécialistes du sujet.
Et pourtant, nous savons que le Nutriscore permet d’améliorer la qualité nutritionnelle de son panier. Et Yuka se base à 60% sur Open Food Facts, qui lui se base sur le Nutriscore (phrase à enlever et a remplacer par : “Et Yuka se base à 60% sur le Nutriscore”). Il y a donc de fortes chances que Yuka améliore aussi la qualité du panier. Et tant mieux. Et il semblerait que ce soit effectivement le cas, tout comme le fait que le nombre intimidant d’utilisateurs conduise les industriels à faire plus attention au contenu de leurs produits… Tout ça, c’est très bien, et comme nous l’avons dit, Yuka est une application intéressante…

Mais puisque le Nutriscore améliore le panier et que les autres évaluations de Yuka (additifs et Bio) sont beaucoup plus discutables… Pourquoi ne pas préférer l’application Open Food Facts, elle aussi gratuite, et surtout LIBRE ? Car oui, Open Food Facts est une application libre et citoyenne, alors que Yuka… Est une start up !

D’ailleurs, on peut constater la différence d’approche dans la présence de trackeurs (pisteurs) chez Yuka, comme nous pouvons le constater grâce au site Exodus :
https://reports.exodus-privacy.eu.org/fr/reports/99461/

À l’heure actuelle, nous ne savons pas à quoi peuvent servir précisément ces trackeurs (quelques pistes ici). Nous mettrons à jour cet article quand nous en saurons plus (nous sommes en train de nous renseigner). N’hésitez donc pas à nous suivre sur les réseaux sociaux, pour voir passer la mise à jour.
Et à contrario, Open Food Facts est dénuée de trackeur :
https://reports.exodus-privacy.eu.org/fr/reports/92926/


Pour aller plus loin, voici 2 threads de Thibault Fiolet (ingénieur et chercheur en nutrition et sécurité alimentaire) sur Yuka :

et

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